Première mention de Larache dans les sources arabes: Rawd al-Qirtas d'Ibn Abî Zar

 extrait du Rawd al-Qirtas d'Ibn Abî Zar qui mentionne Larache:

"L'émir Muhammad, fils de l'imam Idrîs b. Idrîs b. 'Abd Allâh b. Hasan b. al-Hasan b. 'Alî b. Abî Tâlib, était fils d'une femme libre de la première noblesse de Nafza. Il était brun de couleur, de belle taille, jeune, de bonne mine et de cheveux crépus. Quand il monta au pouvoir, il divisa al-Maghrib entre ses frères par conseil de sa grand-mère Kanza, mère de son père. Il donna à son frère al-Qâsim les villes de Tanger, Ceuta et le château de Hadjar al-Nasr, Tétouan, le pays de Masmûda et les terres et tribus qui dépendent de ces villes; à son frère Dâwûd il donna le pays de Hûara et Tasûp, Miknâsa et les montagnes de Gayâta et Taza; à son frère 'Îsâ, Chal[a] et Salé, Azammûr, Tamasnâ et les tribus qu'elles comprennent; à son frère Yahyâ, la ville de Basra, celle d'Arcila et celle de Larache jusqu'au pays de Warga; il donna à son frère 'Umar la ville de Tikissâs et le pays de Gomara et ce qui en dépend; à son frère Ahmad, la ville de Miknâsa, le pays de Fazaz et la ville de Tadla; à son frère 'Abd Allâh, la ville d'Agmat et le pays de Naffîs ou des Masmûda et le Sûs; à son frère Hamza, la ville de Tlemcen et ses dépendances. Lui-même garda Fès, capitale de son royaume et centre de son pouvoir; les autres frères, qui étaient trop petits, restèrent aux soins de leur grand-mère, avec le frère aîné Muhammad."

Source: Ibn Abi Zar. Rawd al-Qirtas. Valencia: J. Nácher impr., 1964, vol. 1, pp. 99-101. Traduit et annoté par Ambrosio Huici Miranda.

Première mention de Larache dans les sources arabes: Rawd al-Qirtas d'Ibn Abî Zar

Le Rawd al-Qirtas, œuvre majeure de l'historien marocain Ibn Abî Zar (XIIIème siècle), retrace l'histoire du Maghreb depuis le VIIIème siècle jusqu'au début du XIIIème siècle. C'est dans ce précieux ouvrage que l'on trouve la première mention connue de Larache dans les sources arabes médiévales.

Contexte: Cette mention apparaît lors du récit du règne de l'émir Muhammad b. Idrîs b. Idrîs al-Hasanî (828-836), descendant de la dynastie Idrisside. A son arrivée au pouvoir, ce souverain entreprend de diviser le Maghreb entre ses frères, suivant les conseils de sa grand-mère Kanza.

Larache, un fief attribué: Parmi les territoires distribués, Larache est attribuée à son frère Yahya. Le texte précise que Yahya reçoit "la ville de Basra, celle d'Arcila et celle de Larache jusqu'au pays de Warga". Cette mention, brève et concise, témoigne de l'existence de Larache au début du IXème siècle et de son rattachement au domaine Idrisside.

Limites de l'information:

Manque de détails: Le texte ne donne aucune information sur la taille, l'importance ou le développement de Larache à cette époque. Il se concentre sur la distribution politique du territoire et ne s'attarde pas sur la description de la ville elle-même.

Fiabilité des sources: Ibn Abî Zar écrit son ouvrage trois siècles après les événements qu'il relate. Il s'appuie sur des sources antérieures, dont la fiabilité est parfois discutable. La description des frontières du domaine Idrisside dans le Rawd al-Qirtas est notamment considérée comme exagérée par certains historiens.

Importance du texte:

Malgré ses limites, cette première mention de Larache dans les sources arabes est un repère chronologique crucial pour l'histoire de la ville. Elle atteste de son existence au IXème siècle, période encore mal documentée, et permet de retracer ses liens avec les dynasties qui ont marqué le Maghreb médiéval.

Pour aller plus loin:

L'analyse des monnaies de l'époque permet de compléter les informations du Rawd al-Qirtas et d'affiner la connaissance du territoire réellement contrôlé par les Idrissides.

Les travaux d'historiens tels que Lévi-Provençal et Massignon apportent un éclairage critique sur l'étendue du domaine Idrisside et la fiabilité des sources arabes médiévales.

En conclusion, la mention de Larache dans le Rawd al-Qirtas, bien que lacunaire, ouvre une fenêtre sur le passé lointain de la ville et constitue un point de départ essentiel pour des recherches historiques plus approfondies.