dimanche 12 mai 2024

Texte de Pline l'Ancien concernant Lixo

Texte de Pline l'Ancien concernant Lixo, extrait de son "Histoire Naturelle", Livres III-VI:

"(...) À trente-deux milles [romains] de là est Lixo, devenue colonie par l'empereur Claude. Les anciens ont parlé d'elle avec force fables: (3) c'est là que se trouvait le palais d'Antée et qu'eut lieu sa lutte avec Hercule, c'est là aussi que se trouvaient les Jardins des Hespérides. Du reste, à partir de la mer s'étend un estuaire au cours très sinueux, que l'on croit maintenant avoir été les serpents qui montaient la garde. * Il renferme en lui une île, qui est la seule que les marées ne recouvrent pas, bien que l'espace environnant soit un peu plus élevé qu'elle. Il reste là aussi un autel d'Hercule, et, à l'exception de quelques oliviers sauvages, rien de cette forêt aurifère dont ils parlaient.

(4) Assurément, on ne s'étonnerait pas autant des extravagances grecques publiées sur ces lieux et sur le fleuve Lixo ceux qui songeraient que nos auteurs, et il n'y a pas longtemps, ont transmis des choses non moins prodigieuses: que cette ville était très puissante, et même plus grande que la Grande Carthage; qu'en outre elle était située en face d'elle et à une distance presque immense de Tingi, et d'autres choses auxquelles Caelius Népos a tout de suite ajouté foi. (...)"

Note originale: Hespérides ou "nymphes du soir". Leur mission était de garder le jardin où poussaient les pommes d'or, à l'extrémité de l'Occident. Un des travaux d'Hercule fut d'apporter à Eurysthée ces pommes. La localisation du jardin fut repoussée de plus en plus vers l'ouest, jusqu'au lieu proche de l'Atlas que cite Pline. Ici est donnée une explication rationnelle et "moderne" du mythe. Pour s'emparer des pommes, Hercule dut tuer ou endormir le dragon qui gardait le jardin.

Source: Pline l'Ancien. Histoire Natural, livres III-VI. Madrid: Gredas, 1998, pp. 179-180. Traduction de A. Fontán, I. García Arribas, E. del Barrio et Mª L. Arribas.


Le texte de Pline l'Ancien, extrait de son ouvrage "Histoire Naturelle" (Ier siècle ap. J.-C.), offre une description de Lixo (Lixus) basée sur des sources grecques et des observations de son époque.

Localisation: Pline situe Lixo sur la côte atlantique du Maroc, à 32 milles romains de Zilil (actuelle Asilah), une colonie romaine. Il décrit l'embouchure du fleuve Lixus (actuel Oued Loukkos) comme un estuaire sinueux.

Légendes: Pline mentionne les nombreuses légendes grecques associées à Lixo, notamment:

•             Le palais d'Antée et sa lutte contre Hercule: Pline mentionne le mythe d'Antée, géant invincible tant qu'il était en contact avec la terre, et qui fut vaincu par Hercule en le soulevant du sol.

•             Le Jardin des Hespérides: Pline situe le Jardin des Hespérides, où poussaient les pommes d'or gardées par un dragon, à Lixo. Il propose une interprétation rationnelle du mythe en assimilant le dragon à l'estuaire sinueux du fleuve.

Observations: Pline observe l'existence d'un autel dédié à Hercule et d'une île au milieu du fleuve non affectée par les marées. Il note cependant l'absence de la "forêt dorée" évoquée dans les mythes, ne trouvant que quelques oliviers sauvages.

Critique des sources: Pline conteste l'exagération des sources grecques qui décrivaient Lixo comme une ville puissante et plus grande que Carthage. Il cite notamment Cornelius Nepos, un historien romain du Ier siècle av. J.-C., qu'il accuse de crédulité.

Contexte: Ce passage de l'Histoire Naturelle s'inscrit dans une description plus large de l'Afrique du Nord, des côtes méditerranéennes aux régions plus méridionales. Pline s'appuie sur des sources diverses, dont les récits d'exploration du général carthaginois Hannon et de l'historien grec Polybe.

Intérêt du texte: La description de Lixo par Pline l'Ancien est un témoignage précieux sur les connaissances géographiques et les croyances de l'époque romaine. Elle met en lumière l'importance de Lixo dans l'imaginaire collectif et la persistance des mythes antiques associés à la région.

Limites: Le texte de Pline est toutefois teinté de scepticisme vis-à-vis des légendes grecques et son interprétation rationnelle du mythe du Jardin des Hespérides reflète l'esprit pragmatique de l'époque romaine.

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